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Hétérotopies du cinéma : le cas de Slow Action
Notre travail sur les possibles renouveaux cinématographiques à l’heure de l’anthropocène nous a amené à considérer un transfert de la notion d'utopie (nulle part) vers celle d'hétérotopie (autre part), autrement dit, d'une forme de pensée vers une création d'espace qui prend forme à travers l'appropriation de ce dernier. Alors, la notion utopique serait à penser « en puissance », et parviendrait aujourd'hui à se manifester dans la réappropriation du monde par des individus mûs par une dynamique de transformation.
“Everywhere new utopias are possible” dit le commentaire de Slow Action, film de science-fiction expérimental qui met en scène quatre îles sur lesquelles se sont érigées des sociétés utopiques. C'est en effet à travers l'étude de ce film qu'a émergé la réflexion de ce que peut être l'hétérotopie du cinéma. Exemple pris par Michel Foucault dans son texte éponyme, c'est là une hétérotopie qui nous est apparue comme double. Nous distinguons en effet d'une part un espace physique consacré au cinéma et d'autre part l'espace écran, dans lequel le film en soi présente une hétérotopie. Or, le cinéma a priori concerné ne peut être qu'un cinéma « autre », appartenant à cette zone grise de la création cinématographique communément appelé « expérimental ». Sans recourir à une énumération des lieux ou des procédés qui correspondent à des hétérotopies effectives dans ce domaine, il s'agira plutôt de se demander quel rôle joue justement l'expérimentation dans ces espaces, et en quoi la valorisation du possible que nous y entrevoyons et qu'ils entretiennent leur confère le statut de centres de métamorphose.
Publié dans L'Utopie au présent, Carthage - Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts Beït al-Hikma,
dir. Béchir Ben Aïssa, 2019